martes, 31 de enero de 2012

NIAIS - NIAISE


Niais, niaise
Adjectif masculin et féminin
Pluriel : niais, niaises
Étymologie : hypothétiquement, dérivé du latin nidus (= nid)

Première définition : (d’un oiseau nouveau) qui est encore au nid, ne sachant pas voler par manque d’expérience.

Par analogie avec cela, une intelligence étant aux humaines ce que les ailes sont aux oiseaux :
Seconde définition : (prédiqué d’une personne) qui est comme un enfant de berceau, quant à ne s’être pas encore développé mentalement ou à manquer des expériences, ce qui le rend facilement susceptible des maux évitables (un accident, une tromperie, etc.) et qui le rend ridiculement incapable ou de malveillances (vouloir tromper, vouloir dommage, etc.) ou de exceller en quelque chose ; c’est-à-dire, qui manque de précaution ou d’ingéniosité comme un enfant qui est encore dans son berceau
Il peut être traduit par an unsophisticated person, ou simpleton, en anglais ; simplón (simplona), en espagnol ; semplicione (sempliciona), en italien.
Synonymes : nigaud, simplet, ingénu, naïf, lourd, inepte, sot
Antonyme : coquin, malicieux, rusé, astucieux

—C'est la meilleure manière d'acheter des tableaux, car cette racaille d'artistes, toujours affamés, vous les font payer le double de leur valeur quand on les leur commande et qu'ils vous savent riches.... Quand j'étais jeune, j'étais assez niais pour les payer d'avance; [...] Une fois l'argent mangé, ils ne s'inquiétaient pas du reste... Maintenant, [...], je les paye lorsque je suis content, sinon je leur fais retoucher, refaire et refaire jusqu'à ce que cela me plaise... Au moins ainsi je ne suis plus volé.
Eugène Sue (Mathilde)

Ah! vous croyez que lorsqu'un homme comme moi veut quelque chose... qu'il le veut en vain! ah! vous croyez que je ne sais pas me venger de qui m'outrage! ah! vous croyez que pendant que vous [... m’offensiez avec] mépris et d'insultes, je ne vous rendais pas mépris pour mépris, insulte pour insulte! J'aurais été bien niais.
Eugène Sue (Mathilde)

Toutes les femmes, même la plus niaise, savent ruser pour arriver à leurs fins.
Honore de Balzac (Eugenie Grandet)

L'enfant étudiait avec zèle ; il apprenait bien, mais plus il étudiait, plus il devenait niais, rêveur et assotté.
Anatole France (Rabelais)

Elle fit le geste de se jeter à genoux, mais l’humiliation lui en parut sur-le-champ tellement vaine, puérile, presque niaise, qu’elle se releva d’un bond.
Georges Bernanos (La joie)

[...] si vous êtes un adroit coquin, je ne suis pas un niais non plus.
Gustave Aimard (Le Chercheur De Pistes)

La première fois que je la vis, elle déjeunait chez ma mère quand j’entrai d’un pas précipité, [...]. Elle se détourna ; à peine si je la saluai, car j’étais alors si niais et si enfant que je ne pouvais voir une femme, de celles du moins qui ne m’appelaient pas un enfant comme les dames ou un ami comme les petites filles, sans rougir ou plutôt sans rien faire et sans rien dire.
Gustave Flaubert (Textes de jeunesse)

Si Mercanson était un méchant homme, s'il était niais ou rusé, je ne l'ai jamais distingué clairement; il est certain qu'il devait me haïr, et qu'il en agit avec moi aussi méchamment que possible.
Alfred de Musset (La Confession D’Un Enfant...)

***Ces adjectifs peuvent êtrés employés comme nom masculin et féminin : un niais, une niaise :

À cette heure, peut-être, elle se rit de moi avec un rival heureux et riche... à cette heure, [...] elle se moque du niais qui, pour elle, s'est réduit à la misère...
Eugène Sue (Mathilde)

En général (et il y a heureusement des exceptions) la fidélité des femmes est en raison directe du bien-être qu'on leur procure et ceux qui s'imaginent être aimés pour eux-mêmes sont souvent des niais ou des outrecuidants.
Arnould Galopin (Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires)

Il y a encore des niais qui s’imaginent bonnement qu’un avoué, un notaire sont des gens tenus de s’occuper, les uns d’aller au Palais défendre, assister leurs clients, et de trouver dans les codes des armes solides ; les autres de rédiger et de bien comprendre les intentions des contractants.
Honoré de Balzac (Code des Gens Honnêtes)

***Faire le niais, ou faire la niaise : feindre d’être niais :

Les singuliers défenseurs de Plassans qui se cachaient pour mieux défendre la ville, se hâtèrent chacun d'aller s'enfouir au fond de quelque trou. Resté seul avec sa femme, Pierre lui recommanda de ne pas commettre la faute de se barricader, et de répondre, si l'on venait la questionner, qu'il était parti pour un petit voyage. Et comme elle faisait la niaise, feignant quelque terreur et lui demandant ce que tout cela allait devenir, il lui répondit brusquement : [...]
Émile Zola (La Fortune Des Rougon)

Voici ma mère ; actuellement que je ne la crains plus, je vais faire la niaise avec elle pour qu’elle ne se doute de rien.
Emmanuel Harcourt (Les supériorités modernes)

Troisième définition : (prédiqué d’une chose relative à une personne) qui fait inférer qu’elle est niais ; indicatif de niaiserie.

Je n’ai jamais pu supporter ce sot et niais remplissage des conversations ordinaires.
Jean-Jacques Rousseau (Les confessions)

Cet homme, d’une bonté niaise en apparence, simple et distrait.
Honoré de Balzac (Scènes de la vie parisienne)

Quatrième définition : (En tant que adverbe, c’est un emploi très rare) niaisement ; comme, parler niais.

Cinquième définition : (En tant que nom masculin à valeur de neutre, c’est un emploi très rare) qualité niaise de quelque chose :

[...] quant aux solutions que les économistes ont essayées des problèmes sociaux, tout ce que l’on en peut dire est que, si leurs élucubrations sortent parfois du niais, c'est pour tomber aussitôt dans l'absurde.
Pierre Proudhon

Mots français dérivés du niais ou composés avec ses radicaux : niaiseux (dans le Canada), niaisement, niaiser, déniaiser, niaiserie, déniaisement, déniaiseur, déniaiseuse