/penaud/

/penaud/, /penaude/ 

Adjectif. 

Pluriel : penauds, penaudes.

Étymologie : dérivé de PEINE, auquel on suffixa –aud. 

Définition : affecté de peine, ou qui semble être affecté de peine, à l’occasion d’un embarras, d’une déconvenue, d'une maladresse, etc. ; ennuyé à la suite d’une action ridicule, déshonorante ou inconvenante commise par soi-même ou qui le concerne.

Antonymes de penaud : fier, faraud, fanfaron.

Synonymes de penaud : honteux, déconfit, marri, mécontent, fâché, décontenancé, déconcerté.

Traduction : avergonzado, en espagnol ; shamed, en anglais ; vergognato, ontoso, en italien.

Datation : trouvé dans les œuvres littéraires depuis le début de 1500.

Le chanteur, vexé d’avoir manqué son effet, sortit très penaud.

Alphonse Daudet… Jack 1865

Je voulus insister... Inutile. Elle ne voulut seulement pas m’entendre, la vieille puritaine, et comme je devenais pressant, elle me salua d’une belle révérence et sortit, me laissant seul et fort penaud au milieu du salon.

Émile Gaboriau… La clique dorée 1871

[...] l’ours, tout penaud, regardait sa proie s’envoler par les airs.

Jules Verne… César Cascabel 1890

En apprenant que celui que nous venions chercher de si loin se trouvait absent, je m’en suis retourné tout penaud, sans m’enquérir d’autre chose que des chemins qu’il fallait prendre pour arriver à Trévelec.

Charles Deslys… Le blessé de Gravelotte 1900

Ils se regardèrent, penauds et attristés. Ils rirent pour ne pas pleurer, s’embrassèrent, et se séparèrent, les larmes aux yeux. Jamais ils ne s’étaient aimés autant qu’en se séparant.

Romain Rolland… Jean-Christophe 1904

– Je ne sais pas lire, dit Gilles tout penaud.

René Boylesve… Le carrosse… 1920

– C’est ainsi que vous instruisez vos hommes ?

Le sergent, tout penaud, ne savait que répondre. Il était pris en faute et attendait la punition que le général allait lui infliger. 

Arnould Galopin… Le sergent Bucaille 1930

… il fabriqua une échelle, remplaça les vieilles lisses du verger par des neuves, bâtit un hangar avec des débris de bois qu’il avait, et, quand ce fut fini, il se trouva tout penaud devant ce terrible problème : « Que faire ? »

Octave Mirbeau… Contes 1990

-) Avec la préposition de + un nom ou un syntagme verbal infinitif, pour signifier ce qui cause l’embarras :

Le lieutenant offrit la main à miss Lydia, puis aida le colonel à se guinder sur le pont. Là, sir Thomas, toujours fort penaud de sa méprise, et ne sachant comment faire oublier son impertinence à un homme qui datait de l’an 1100, sans attendre l’assentiment de sa fille, le pria à souper en lui renouvelant ses excuses et ses poignées de main.

Prosper Mérimée… Nouvelles

Le général, fort pâle et tout interdit, transmit les ordres indiqués par Fabrice aux geôliers d'élite qui le suivaient : ces gens, tout penauds de voir le poison découvert, se hâtèrent de descendre.

Marie-Henri Beyle… La Chartreuse de Parme 1864

[Justin] était tout penaud de sa mésaventure.

Auguste du Boisgobey… La revanche de Fernande 1882

[...] le gouverneur revint, à la fois penaud d’avoir été la risée de toute l’assemblée et rouge de confusion et de colère.

Eunice Richards-Pillot… Les terres noyées 2006

Je devais prendre l’escalier de service, attendre avec la bonne dans la cuisine jusqu’à l’arrivée de la cousine préceptrice. Parfois j’attendais en vain, un incident l’avait retenue et je rentrais penaud d’avoir fait ce voyage pour rien.

André Girod… Flammes du père inconnu 2009

-) Par métonymie (du visage, etc.) :

[...] comme Christophe était seul cette fois sur la scène, il n’osait plus bouger de sa chaise. Les acclamations redoublaient. Il baissait la tête de plus en plus, tout rouge et l’air penaud ; et il regardait obstinément du côté opposé à la salle.

Romain Rolland… Jean-Christophe 1904

À cela, Sagababa ne répondit qu’en se grattant l’oreille d’un air penaud.

Olga de Pitray… Voyages... 1890

-) Dérivés du mot PEINE : penaudement, peine, peiner, peineux, peineuse.